Beaufortain 2019

Lac de Roselend - Plan de la Laie -Lac des tempêtes

Beaufortain 2019

Départ de Xhoris le 1er septembre vers 7heures 30. Nous traversons Beaufort, vers 17h30, après quelques détours dus au mauvais réglage du GPS. La montée du col du Cornet de Roselend nous offre de belles vues sur le lac Roselend, côte maximale théorique 1557 mètres. Il nous reste un petit 300 mètres de dénivelé et à 18 heures, la voiture est garée face au refuge du Plan de la Laie, altitude 1822 mètres. Se désaltérer, prendre possession de notre chambrée, la douche, souper et à 21 heures, dans le sac à viande.

Etape 1 :refuge Plan de le Lai - Refuge de la croix Bonhomme , Aller et retour. D + 700 , D - 700

6h45 : Un épais brouillard, gris, froid, à couper au couteau, recouvre la montagne.
C'est dans cette grisaille que nous prenons le départ à 8h30, direction col de la Sauce par le GR 5. Un petit pont de bois enjambe le Nant des Lautarets. Le sentier, d'abord en pente douce à travers l'alpage, se cabre pour atteindre Bel Air alt.2130.
Lentement, le brouillard, moins dense, devient plus lumineux et nous permet de découvrir de belles lumières. Le sentier se rétrécit. À notre passage, les gouttelettes qui diamantent les graminées ont tôt fait de mouiller le bas du pantalon. Nous zigzaguons à travers l'alpage pour atteindre le col de la Sauce à 2307 m. Une série de lacets nous hisse au sommet de la Crête des Gittes à l'altitude de 2413 m. C'est à l'horizontal que nous parcourons l'étroit sentier-balcon tracé par les bataillons de chasseurs alpins, avec des à-pic impressionnants.
Les nuages, tenaces par moment, se déchirent, et par les trouées, la vallée s'illumine du côté des Chapieux. Un bref instant, le refuge du Col de la Croix du Bonhomme, sur le tour du Mont Blanc, fait son apparition. Nous y descendons. La terrasse est noire de monde de même que l'intérieur.
Une soupe et notre pique-nique avalés, nous repartons au sud-ouest vers la Crête des Gittes que nous parcourons en sens inverse, tantôt sur le versant nord, tantôt sur le versant sud. C'est avec les nuages qui lentement s'étirent pour embraser l'alpage que nous retrouvons notre point de départ vers 16h. Le brouillard et la masse nuageuse nous ont privé de la vue sur le Mont Blanc pourtant bien visible de la crête.
Bière, douche, apéro, souper et nous profitons d'une nuit réparatrice.


Etape 2 : Refuge du plan de la Lai , tunnel et passage au Rocher du vent et retour. D + 590, D - 590

Le lever du jour, lentement, éclaire la prairie parsemée de blocs de roche en face du refuge. Vers 7 h, le Biollay s'illumine d'une couleur ocre annonçant la naissance d'une journée ensoleillée.
Vers 8h20, comme la veille, nous traversons le Nant des Lautarets bordé d'épilobes. Son eau cristalline glisse et façonne le lit du torrent pour alimenter le lac de Roselend.
Nous virons à gauche pour monter vers La Plate, par un chemin à travers l'alpage parsemé de gentianes jaunes. Le Rocher du Vent, strié de lignes horizontales, semble couché là-haut au sommet de la prairie.
Peu avant le chalet de La Lauze, nous nous dirigeons vers le fameux tunnel, dont voici l'explication :
La falaise du Rocher du Vent est percée d'un tunnel d'une longueur de 200 mètres environ et à une altitude proche des 2200 mètres. Les travaux datent de 1936, pour un projet routier fou devant traverser les Alpes d' Evian à Menton. Des réfugiés politiques espagnols fuyant le franquisme ont été mobilisés sur ce chantier qui fut ensuite abandonné (source internet).
Traversée à la frontale et en prenant soin de baisser la tête. Nous passons de l'ombre à la lumière pour déboucher au bord d'un à pic qui nous offre une vue époustouflante sur le Lac de Roselend ± 700 mètres en contrebas. Le ciel d'un bleu délavé contraste avec le bleu profond du lac bordé d'une palette de vert changeante suivant la végétation et l'orientation.
C'est par un sentier-balcon, quasi horizontal, avec vue sur le Lac de la Gittaz, que nous nous remettons en route pour contourner la masse rocheuse.
Bientôt, le Mont Blanc, baigné d'une lumière crue et d'un blanc immaculé, nous apparaît.
Une rude montée nous amène sur la crête ou nous pique-niquons, face à un paysage merveilleusement dessiné. Vers le nord la Chaîne des Aravis, au nord-est, le géant des Alpes et ses neiges éternelles.
Sustentés, nous nous dirigeons vers le canyon du Rocher du Vent aux falaises abruptes. Une via ferrata avec un pont de singe impressionnant est aménagée sur le site. Nous entamons la descende et ses 500m de dénivelé par le chemin monté monté ce matin. Nous retrouvons le Nant des Lautarets pour l'accompagner vers l'amont. Une halte au Chalet du Berger pour étancher notre soif par une bière régionale, avant de rejoindre le Plan de la Laie vers 16 heures.

Etape 3: Refuge du Plan de la Lai - Refuge de Presset. D + 1000 , D - 330

Les godasses lacées et cette étape démarre peu avant 8h sous un soleil généreux.
Un large chemin, pour une mise en jambe, nous amène au gîté du Plan Mya. Allez, courage !!! Déjà 40 m de D +. Le chemin devient horizontal jusque un chalet d'alpage. Une petite halte s'impose pour aller profiter de la vue sur le Lac de Roselend et sortir la crème solaire. Une légère descente vers une cuvette, ou le chemin devient sentier, pour aussitôt monter au chalet de la Petite Berge à 2070m, avec quelques belles vues sur le lac.
Le sentier joue à saute-mouton, nous fait descendre dans une combe humide pour remonter vers les ruines du chalet de la Grande Berge. Le lièvre, arrivé avant nous, monte au point de vue pendant que nous mangeons une ''barre''.
De là nous amorçons une longue descende à flanc de coteau pour atteindre le fond de la vallée de Treicol. A proximité du fond de la vallée, André et Joseph sont en admiration devant l'érection de La Pierra Menta, notre point de mire. C'est avec les cascades du ruisseau de Treicol, qui par endroit rendent la roche glissante, que nous rejoignons l'alpage de Presset où la pause midi est la bienvenue avant d'entamer les 500 mètres de D+.
Sustentés, c'est par un étroit sentier caillouteux que nous partons à l'assaut du Col du Bresson.
Un petit replat sous la Tête du Lion pour reprendre son souffle et contempler un petit coin du lac de Roselende. Là-haut, à 2714 mètres d'altitude, la Pierra Menta se dresse tel un obélisque légèrement déséquilibré.
Le sentier s'élève de plus belle dans un chaos rocheux pour les 150 dernier mètres d'ascension. Le Col du Bresson, altitude 2469, est atteint vers 16h. Sur notre droite, dans sa majesté, l'arête sommitale de l'obélisque se découpe sur le fond bleu délavé du ciel.
Plein sud, le massif de la Vanoise avec ses glaciers ferme l'horizon.
Un dernier effort par un étroit chemin de terre à flanc de montagne, qui doit être glissant par temps de pluie, et nous foulons la terrasse du refuge de Presset à 2514m, heureux d'avoir réservé car le refuge affiche complet.
Le repas du soir terminé, de la terrasse on peut observer quelques bouquetins à proximité du lac. Montées de la vallée, des volutes nuageuses qui lentement s'effilochent viennent caresser le pied de la Pierra Menta. Bientôt les dernier rayons de soleil allument la montagne de délicates lueurs roses. Dans la vallée, les lumières de La Plagne prennent possession de la nuit.

Diaporama

Etape 4: Refuge de Presset - Refuge du Plan de la Lai. D + 180 , D - 100

Lever à 6 heures. L'air frais, le silence et la nuit s'effacent. Le jour qui lentement éclaire d'une douce lumière le Roc de la Charbonnière nous permet d'observer la nature dans son intimité.
Nous quittons le refuge pour contourner le lac et entamons la montée vers le col du Grand Fond sous un ciel menaçant.
A mi-côte, au détour d'un lacet, vue sur le refuge et son lac qui nous semble déjà bien loin, la Pierra Menta est entourée de nuages et en amont du lac, quelques bouquetins.
8H50, le Col du Grand Fond, 2670 m, est franchi, l'Aiguille du Grand Fond nous domine de ces 2920 m. Univers minéral. La longue descente, de la Combe de la Neuva, débute dans un cahot rocheux où persiste quelques plaques de neige. Il nous faut atteindre la cote 2300 pour que le sentier, par croupes et replats, s'adoucisse à la rencontre du ruisseau de la Neuva.
Pendant un cours instant, les nuages se déchirent et lentement le Mont Blanc nous apparait sur fond de ciel bleu, spectacle éphémère, déjà les nuages se referment. Des blocs rocheux d'un gris clair, quasi blanc, parsèment l'alpage. Quelques zones humides, où dans le roulis du vent se dandinent des linaigrettes, bordent le sentier qui nous amène à la cote 2000 où nous sortons les pique-nique au grand soulagement des (mes) genoux.
C'est par un large chemin horizontal que nous rejoignons le parking du Cornet de Roselend où nous sonnes accueillis par quelques gouttes d'une fine pluie.
« Roselend » provient du germanique, rauza, « roseau, jonc » et désigne un lieu humide voire marécageux, ou poussent des roseaux. Cornet en patois local signifie le Col.
Il nous reste à descendre la route sur ± 2,5 km pour nous réchauffer devant un café au Plan de la Laie. En voiture,nous quittons nos hôtes et nous nous rendons à Arêche, Auberge Poncellamont, en passant par le Col du Prés.


Etape 5: Lac de Saint Guérin - Lacs des Tempêtes, aller et retour. D + 630 , D - 630

En voiture, direction le barrage de Saint Gérin à 1512 m. Saint Guérin protecteur des troupeaux.
A 8h40, par une petite route carrossable bordée d'épilobes et de panneaux didactiques sur le thème de l'hydroélectricité, nous longeons le lac d'une couleur d'un bleu terne en son centre et d'un vert intense sur ses bords. C'est par la passerelle himalayenne que nous traversons le lac à la rencontre du ruisseau de la Louze.
Nous remontons le vallon creusé par le ruisseau, d'abord en forêt en passant à maintes reprises d'une rive à l'autre. A la cote 1650, le sentier s'assèche et à travers la prairie parsemée de rhododendrons nous atteignons le col de Louze à l'attitude 2119. Le Col de la Louze évoque les pierres schisteuses ou lauses, souvent utilisées pour les toits, qu'on trouve sur le terrain d'alpage de la Louze, en amont du barrage de Saint Guérin.
La vue est bien dégagée sur la vallée de Grand Maison et le Grand Mont, mais au nord-est la couverture nuageuse nous masque le Mont Blanc. Nous partons vers l'ouest par un sentier-balcon à travers un amas de roches à la base du Grand Mont. En contrebas, dans une zone humide, tel un serpent, le ruisseau du Caord prend naissance.
Il nous faut dompter deux petites barres rocheuses, louvoyer entre le chaos rocheux pour enfin jouir de la beauté de l'endroit. Le premier lac de la Tempête, d'une eau transparente, est là, blottis dans ce vallon parmi les éboulis sous le Chaînon de Comborsier. Un petit vent plisse sa surface de vaguelettes. Des algues d'un vert tendre ondulent dans ces eaux limpides.
Nous sortons les doudounes, le casse-croûte et reprenons des calories dans cet endroit magique. Tout est paix et silence. Par un replat d'une centaine de mètres nous surplombons les deux lacs inférieurs où se reflète le ciel de plus en plus couvert. Les sommets disparaissent dans les volutes nuageuses menaçantes.
Il est 14 heures et nous repartons en sens inverse vers le col de Louze. La descente s'effectue à la même allure que l'amas de vapeur d'eau.
A la cote 1983, nous trouvons une touffe de poils bizarres. André, allias le Professeur Samonte, me fait remarquer qu'il pourrait s'agir de poils de Dahu aussitôt rangés avec précaution dans la poche sommitale du sac.
Lentement nous distançons les nuages et retrouvons la voiture pour rentrer sur Arêche dans la grisaille, mais sans pluie.

Le soir, fondue aux champignons (bof). Une bonne nuit suivie d'un petit déjeuner copieux et nous remontons vers le nord sans encombre.

Diaporama

PS:Le 1er avril 2020, je reçois enfin les résultats des analyses de la touffe de poil supposée appartenir au Dahu.

Ces analyses, effectuées par l'Institut Vétérinaire de l'Université de Liège en collaboration avec le laboratoire du Centre Hospitalier Vétérinaire de Genève, confirment que la touffe de poil provient de l'oreille d'un Dahu lévogyre. Les traces ADN de cérumen, comparées avec le squelette du musée de Grenoble, sont irréfutables, ce qui confirme les dires des professeurs Samonte et Bonechaire. Les Dahus sont bien de retour.

Le Dahu


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