Maurienne 2009

Haute Maurienne 2009 Parc national de la Vanoise et Grand Paradis.

Maurienne 2009

Nous avons remonté le cours de l'Arc naissante pour passer en Italie par le col du Carro,
côtoyer le lac artificiel Serru, monter au col de la Lose et repasser en France pour accompagner les flots de l'Isère, franchir le col de l'Iseran enneigé, point de passage entre les deux vallées.
Simple balade dans les alpages, randonnées physiques dans les pentes aux reliefs changeants où les plantes se raréfient et disparaissent.
Le quotidien s'est éloigné pour quelques jours.

1ere étape : Bonneval Sur Arc alt. 1800 m - ref. des Évettes 2590 m

Dénivelé + 805 m - et - 90 m temps total 7h.

Fait de pierres, Bonneval est classé parmi les plus beaux villages de France. L'auberge d'Oul où nous avons passé la nuit est située au cœur du vieux village aux ruelles étroites. Les maisons sans numéro, mais qui portent un nom, sont construites en pierres brutes. De massives charpentes en mélèzes au dépassant important supportent le poids des lauzes. Les balcons à l'abri de ces auvents servaient au temps jadis au séchage des « grebons », briquettes de fumier de moutons destinées au chauffage.
Nous quittons Bonneval pour remonter le cours de l'Arc en rive droite en passant par Tralenta, partie moins typique du village.
Le parcours boisé surplombe la rivière naissante qui se fraye un chemin parmi les blocs de pierres façonnés par le courant. Le sentier quasi horizontal musarde parmi les aulnes, les bouleaux et les sorbiers. En contrebas du petit pont de Lama, les eaux ont creusé une gorge étroite et profonde dans une roche blanchâtre.
À la cote 2050, le pittoresque hameau de l'Écot classé depuis 1971 est traversé par l'unique ruelle aux dalles de granit usées. En 1734, l'Écot comptait 112 âmes, 60 en 1886 et une seule en 1968 ! Aujourd'hui, il n'est plus habité que l'été. Quelques maisons sont restaurées dans un souci d'authenticité. Dans les jardinets, les épilobes se fanent, les sorbiers chargés de sorbes d'un rouge vif apportent une note de couleur dans cet univers minéral. La chapelle Sainte Margueritte, bâtie sur une bute rocheuse en haut du hameau aux environs du 12e siècle, veille sur ce monde endormi.
Nous passons rive gauche de l'Arc par le pont St Clair pour aussitôt entamer le « sentier à John » et contourner le Roc des Pareis. L'Arc est abandonnée pour la rive gauche du ruisseau de la Reculaz. Nous montons vers ses gorges. Le sentier louvoie à flanc de montagne parmi une végétation dense d'aulnes qui s'éclaircit au fur et à mesure de la montée. Le versant opposé, dépourvu de toute verdure, est parcouru par les eaux de fonte des glaciers du Mulinet et du Grand Méan.
La pente s'accentue. Vue et surplomb impressionnants sur les gorges de la Reculaz et sa cascade. Dans les rochers à présent clairsemés de rhododendrons et de genévriers, un bouquetin prend la pose.
Il nous faut passer deux barres rocheuses sécurisées par des câbles pour atteindre la cote 2550 en contrebas du refuge. Superbe vue sur le Plan des Évettes et son glacier. L'Albaron, le pic Regaud et tous les autres se découpent dans le bleu du ciel.
Il faut descendre et monter quelques monticules pour se rendre au vieux pont de pierre à la naissance des gorges.
Le cirque en amphithéâtre du Plan des Évettes est un lac asséché parcouru de nombreux ruisseaux qui divaguent et se rejoignent pour former le torrent des Pareis. Il passe sous le pont de pierres en arc de cercle (que fait-il là ?) pour se précipiter en cascade dans les gorges de la Reculaz avant d'aller grossir l'Arc de ses eaux enfarinées.
Il nous faut remonter au refuge des Évettes sous les petits lacs des Pareis aux eaux transparentes couleur ciel.
Le site est d'une beauté à ravir sous un soleil généreux. Hélas, l'accueil est plutôt distant. Le repas du soir est excellent, le pique-nique du lendemain chiche (fin de saison).
2ème étape : refuge des Évettes - refuge du Carro 2760 m

Dénivelé + 755 m et -  580 m temps total 7h.

Lentement le soleil allume les sommets. Deux bouquetins broutent l'herbe bien verte à proximité des lacs des Pareis.
Le refuge s'éveille. Petit déjeuné frugal.
Direction l'Écot par le Plan des Roches à travers une pelouse d'une belle teinte ocre baignée d'une lumière froide matinale. Là-bas, de l'autre côté de la vallée, vers le nord, la Grande Aiguille Rousse avec sa face ouest dans l'ombre se découpe sur fond d'azur. Le ruisseau de Picherse est traversé une première fois pour entamer la descente avec le GRP du Tour de Haute Maurienne.
Dans la vallée, Bonneval entouré de forêts dans ce relief dépouillé est d'un contraste surprenant. Sur notre droite, dans le fond du vallon à la limite de l'étage subalpin, les toits de lauzes et les murs en moellons de l'Écot se fondent dans l'environnement minéral.
La descente devient plus nette, le Picherse est traversé une deuxième fois avant d'atteindre le parking de l'Écot où nous repassons rive droite de l'Arc pour pénétrer dans le Parc de la Vanoise. Montée du vallon de la Dui par un chemin agricole le long de la rivière bordée d'une prairie. La rive gauche au pied de l'Ouille de Trièves n'est que caillasse.
Le chemin est abandonné pour un sentier à travers la prairie où un ouvrier agricole exécute une dernière fauche à l'aide d'une moto faucheuse. Travail ardu dans le versant pentu et accidenté parsemé de blocs de roches.
À la cote 2400, le ruisseau du Montet tombe d'une barre rocheuse et dévale la pente en creusant la roche. Le ruisseau passé, un raidillon nous hisse au Montet, où la pente se radouci pour atteindre le ruisseau du Plan Sec qui s'écoule calmement à travers la pelouse qui devient de plus en plus pierreuse.
Au sud, l'Albaron et les glaciers qui le ceinturent sont d'une blancheur immaculée aux reflets bleutés dans les zones d'ombre. Les rubans argentés de l'Arc et ses affluents s'étirent dans la vallée. Paysage unique à portée de main.
Nous quittons ce lieu de quiétude par une passerelle en bois pour monter au lieu-dit Plan Sec. Le GRP du Tour de Haute Maurienne vire à gauche pour descendre au pont de l'Ouilieta par le sentier balcon.
Il reste vingt minutes de marche au pied de l'Ouille de Gontière pour atteindre le plus haut refuge de la Vanoise où la gardienne Véronique nous accueille avec le sourire et se fait un plaisir de nous servir une bière à la terrasse. Vue magnifique sur la vallée et les glaciers. Lentement les nuages bourgeonnent. Des ombres furtives glissent sur le relief.
Nichés derrière le refuge, le lac Noir et le lac Blanc, séparés par une bute morainique, nous invitent à la flânerie.
Le petit lac Noir, a la forme d'une énorme goutte d'eau où se réfléchit le refuge et les nuages qui montent de la vallée. Le lac Blanc, situé dans un espace plus ouvert, est alimenté par plusieurs ruisseaux qui serpentent dans un splendide tapis de linaigrettes qui ondulent sans cesse. Dans ce monde de rocs, où l'hiver est plus long que l'été, ce coin de verdure moucheté de plumeaux argentés est la récompense de l'effort à fournir pour avoir accès à ce lieu de quiétude.
Aux alentours du refuge, quelques cairns réalisés par des mains d'artiste, tel des fanaux, guident le randonneur à bon port.
A l'apéritif, une averse dessine un arc-en-ciel de toute beauté sur le lac Noir.
Copieux et excellent repas en compagnie d'un groupe de « papys » français qui font pratiquement la même boucle que nous, mais en sens inverse.

3ème étape : Carro - Grande Aiguille Rousse 3482 m - Carro

Dénivelé positif 910m - négatif 910 m temps total 7h40.

Les sommets se colorent de rose, quelques nuages parcourent le ciel. Les linaigrettes, lourdes d'humidité, semblent endormies au bord du lac Blanc qui frissonne dans la fraîcheur matinale.
La gardienne nous indique sur la carte l'itinéraire hors piste à suivre pour monter à la Grande Aiguille Rousse.
Nous redescendons au Plan Sec. Un troupeau de chèvres aux cornes impressionnantes, le regard noir, monte vers le refuge.
Le sentier balcon est emprunté jusqu'à un petit ruisseau que nous remontons à travers l'alpage par des sentiers de chèvres. Le terrain bossué est quitté pour partir vers le nord, sous l'Ouille de Gontière, et randonner à travers des blocs de roches.
Dans un paysage minéral, le petit lac sans nom sur la carte est au rendez-vous. Quelques névés se reflètent dans une eau turquoise.
Là haut sur le plateau, un chamois solitaire s'éloigne lentement.
Au nord, nord-ouest, le col à atteindre est bien visible. À l'ouest se dresse un obstacle de taille. Pour monter sur le plateau, il faut franchir une barre rocheuse verticale veinée de dièdres abrupts. Suivant les conseils de la gardienne, le talus en face du lac est contourné pour descendre le long de la paroi verticale et trouver un passage. C'est parmi les pierres instables que nous escaladons un couloir abrupt aux parois verticales rapprochées.
Après 20 minutes de montée qui s'apparente à de l'escalade, et un dénivelé de 50 mètres, l'herbe rase du plateau est foulée. Un bouquet d'edelweiss, « étoiles d'argent », est blotti dans la pelouse jaunissante.
La douceur du sol est de courte durée. La montée devient plus nette et nous retrouvons la caillasse suivie d'un large névé pour atteindre le pierrier sommital. Deux pas en avant, un pas en arrière dans le raidillon, mélange mouvant de terre et de pierraille.
Au col, sommet de la Petite Aiguille Rousse (3432 m), le glacier pentu des Sources de l'Isère, semble suspendu dans le versant opposé. Le brouillard, comme par magie est bloqué aux sommets frontaliers.
Il reste 50 mètres de dénivelé, par une trace bien visible, pour monter à l'arrête sommitale de la Grande Aiguille Rousse.
Au sud, de part et d'autre de l'Albaron, les glaciers sont bien visibles. A l'ouest, le ciel plombé obscurcit les sommets de la Vanoise. L'Italie et le Grand Paradis sont noyés dans un brouillard impénétrable, oppressant, qui bute sur la falaise abrupte pour être aussitôt refoulé par les poussées du vent qui balaient le sommet. Comment se lasser d'un tel spectacle !
A peine avons-nous entamé le trajet en sens inverse qu'une pluie froide nous accompagne une partie de la descente et rend le sol glissant.
Au-dessus de nos têtes, la masse cotonneuse qui s'effrange sur les sommets change le paysage en un domaine mystérieux et austère. De retour au refuge où le poêle et les chats ronronnent, nous avons tout le loisir de converser avec la gardienne qui s'adonne à des travaux de couture. Les averses vont se succéder le reste de la journée.
Comme à notre habitude, vers 21 heures nous nous glissons dans les « sacs à viande » pour un sommeil réparateur.

4ème étape : Carro - Refuge de Chivasso 2604 m

Dénivelé + 1025 m -  1200 m temps total 9h20.

La masse nuageuse qui couvre la vallée monte à l'assaut du col du Carro. Nous l'imitons. La montée est rude. Le sentier, bien tracé au début, devient rudimentaire pour disparaître dans un amas de roche. Les cairns en nombre indiquent le chemin.
Sur un replat aux roches arrondies se cachent deux petits lacs aux couleurs changeantes suivant les variations du ciel. Le temps de reprendre son souffle et la grimpée continue à travers les nuages. C'est dans un amoncellement de pierres plates de gneiss rouge, à la sortie du brouillard, que le col est franchi.
Le col du Carro, du haut de ses 3149 mètres, offre une vue généreuse sur le « Parco Natzionale del Gran Paradiso ». les sommets sous la couche nuageuse, le lac Serru et le lac Agnel sont bien visibles dans la vallée. Le Grand Paradis tout là haut, à plus de 4000 mètres d'altitude, est entouré de nuages blancs qui se confondent avec ses neiges éternelles. Du coté du Parc National de la Vanoise, la vallée se cache à notre regard dans des volutes nuageuses qui se déchirent. Par moment le ciel s'embrase, les glaciers et les sommets s'enflamment d'une lumière crue. Simplement beaux.
Le Parc national de la Vanoise créé en 1963 est le premier Parc national français, jumelé depuis 1972 avec le Parc national italien du Grand Paradis inauguré le 3 décembre 1922. Ils couvrent ensemble une zone de 1250 km², soit l'espace protégé le plus étendu d'Europe occidentale.
La frontière est franchie. Nous basculons en Italie par une pente abrupte à flan de montagne. Bien sécurisée par des mains courantes, la perte d'altitude est rapide. Au pied de la falaise, une accumulation de roches hétéroclites est descendue avec prudence. Le balisage qui marque l'itinéraire est impeccable, à part un petit manque au niveau du glacier. Descendus trop bas, il nous faut remonter pour retrouver le balisage sur la moraine.
Un long palier, ancien verrou glacière où l'on admire quelques « baleines », roches arrondies et polies par l'érosion d'un ancien glacier aujourd'hui disparu, nous emmène à un petit lac. À hauteur d'une superbe cascade en palier de plusieurs ruisseaux, les balises virent à droite pour longer une haute muraille de blocs superposés d'apparence instable.
Longue descente à travers l'alpage et sortie des pique-niques sur la rive d'un petit lac. Les eaux peu profondes et transparentes qui ondulent zèbrent le fond de raies d'argent engendrées par le soleil de plus en plus généreux.
Le parcours, agréable aux pas, parallèle aux courbes de niveau, se prolonge par une douce descente pour atteindre la route sous le mur de retenue du lac Serru. Les murs blancs de la chapelle de la Madone de la Neige rayonnent sur le talus verdoyant.
La route est montée pendant environ quatre kilomètres pour atteindre la bifurcation qui part à droite, vers le col du Nivolet, par une infime partie des 340 kilomètres de chemins muletiers royaux.
En 1856, le roi Vittorio Emanuele II avait déclaré Réserve Royale de Chasse ces montagnes, sauvant ainsi le bouquetin de l'extinction. Le roi avait ensuite formé un corps de garde spécialisé et fait construire des sentiers et des chemins muletiers qui, encore aujourd'hui, constituent la meilleure ossature pour la protection de la faune par les gardes moniteurs. Ils furent restaurés dans les années qui suivirent la création du Parc.
Le refuge de Chivasso est atteint vers 17 heures. Joseph, facteur dans la vie active, remet au gardien, Alessandro, le petit mot confié par la gardienne du Carro.

5ème étape : refuge Chivasso - refuge de Prariond 2320 m

Dénivelé + 1200 m -  1460 m temps total 9h50.

Il pleut, le vent balaie le col. Dans la lumière du jour qui se lève, les deux lacs en contrebas du refuge sont d'un bleu intense.
Une embellie et nous descendons le sentier jusqu'à la route pour partir plein sud à travers l'alpage. La pente raide d'un talus est descendue à la rencontre d'un large ruisseau suivi vers l'aval. La praire humide, où les linaigrettes abondent, est splendide malgré le temps maussade. Le vallon se resserre. Il faut se déchausser pour traverser les eaux peu profondes et passer rive droite. Les eaux s'accélèrent et chutent du plateau pour aller se perdre dans le lac Agnel.
Au col Agnel, vue plongeante sur le lac. À droite d'une casemate, l'étroit sentier qui dévale dans la vallée est emprunté avec prudence. La pluie est de retour.
Pour rejoindre le « sentier international des deux parcs », il nous faut parcourir une large prairie. Tapis vert de hautes herbes qui se courbent sous le poids de l'eau, s'égouttent à notre passage pour aussitôt se redresser et s'enivrer de nouveau de la pluie qui tombe dru. Le sentier balisé d'un point rouge s'élève lentement au-dessus du lac Serru jusqu'au refuge fermé de Pian Della Ballota. Petite halte à l'abri d'un auvent et remplissage des camel backs à la fontaine.
À l'arrière du refuge, une barre rocheuse abrupte, ruisselante, heureusement bien sécurisée, nous hisse à l'altitude 2400 au Pian Della Ballota. Le cirque est couvert d'herbes rases d'une couleur qui va de l'ocre au vert tendre, en passant par toute une gamme de vert indéfinissable. Les nuages traînent sur les sommets.
Quelques flocons de neige se mêlent à la pluie dans la montée ardue parmi les éboulis vers le col de la Vache. Sous la pente finale la pluie cesse. Un reste du glacier de la Losa est contourné pour franchir le col à l'altitude 2955. La visibilité est nulle, les bourrasques de vent nous déséquilibrent. Vu la nature du terrain et les coups de vent imprévisibles, la prudence s'impose. Nous renonçons à gagner le col de la Lose par les crêtes. Il faut redescendre à la cote 2500 et rejoindre le « sentier international des deux parcs » au pied de l'imposant pierrier.
Le sentier contourne un mamelon verdoyant et ondule à travers le pierrier pentu pour aller buter contre une paroi verticale. L'à-pic équipé d'une main courante est monté à flan pour repasser en France par le col de la Lose (2957 m) où le vent et les nuages nous accueillent. La table d'orientation n'est pas d'un grand recours. Du côté italien, seule la vallée est visible. Le côté français est englouti dans les volutes de vapeur qui nous entourent.
La descente est entamée sous une averse de grésil. Le passage de l'ancien glacier de la Galise avec son petit lac de fonte aux eaux turquoises est de toute beauté. Sur le plateau de Roches des Loses, des cairns de plus de deux mètres de hauteur, tels des fantômes, émergent du brouillard. Le vent s'est tu ! Seuls nos pas troublent le silence dans cet univers avalé par la brume.
L'inclinaison de la pente s'accentue. Comme par enchantement, les nuages passent au-dessus de nos têtes. Face à nous, les glaciers de la Vanoise et Val d'Isère, sont balayés par des rais de lumières qui percent la couche nuageuse. Dans la vallée, l'Isère naissante miroite en un ruban quasi rectiligne. Par instant, au sud est, la Grande Rousse et les glaciers des Sources de l'Isère se dévoilent. Les marmottes sortent de leurs terriers, quelques voiles nuageux traînent dans la pelouse alpine qui lentement prend ses couleurs automnales. Il pleut de la lumière.
La longue descente du sentier à travers la pelouse qui s'égoutte nous emmène au refuge de Prariond au fond du vallon. De l'autre coté du ruisseau du Niolet, un bouquetin broute, fièrement campé dans le versant pentu.

6ème étape refuge de Prariond - Bonneval sur Arc.

Dénivelé + 780 m -  1250 m temps total 8h.

À plus de 2500 mètres la montagne est marbrée de blanc. La neige tombée pendant notre sommeil scintille sous les rayons d'un soleil généreux. Le disque de lumière commence sa course entre la cime de la Vache et la cime d'Oin pour aussitôt inonder le vallon d'une lumière d'orée.
À proximité du ruisseau de Prariond qui dévale en cascade, une stèle au bord du chemin rappelle la tragédie de la Galise. Hommage aux partisans italiens et anglais qui trouvèrent la mort dans ce secteur suite aux conditions climatiques extrêmes en novembre 1944.
Les versants du vallon se rapprochent pour former les gorges du Malpasset (mauvais passage) creusée par les eaux écumantes de l'Isère. L'étroit sentier en corniche surplombe la rivière, affluant du Rhône, et nous offre une superbe vue sur la Grande Motte et ses neiges éternelles.
Au pont St Charles, la route du col de l'Iseran est montée pendent environ trois kilomètres avant d'emprunter le GR5 et remonter le vallon de l'Iseran. À l'altitude 2600, la neige recouvre la prairie. Les herbes engourdies de cristaux de glaces dégouttent.
La douce montée au col de l'Iseran, 2770 mètres, est interminable. Mythiques étapes du tour de France, point de passage entre les vallées de l'Arc et de l'Isère, la route du col est le rendez-vous de nombreux cyclistes et motards. La face nord de la chapelle Notre Dame de Toute Prudence, construite en 1939, est couverte de neige verglacée. Sa face sud avec la statue monumentale de couleur sable qui domine le porche resplendit au soleil.
La descente du col surplombe la route que nous traversons au Pont de la Neige pour passer rive gauche de la Lenta par un petit pont de bois. Le ruisseau a creusé une profonde gorge et sculpté la roche. L'étroit sentier qui le surplombe est parcouru avec prudence jusqu'au Pied Montet où les falaises s'écartent pour faire place à la prairie alpine du vallon de la Lenta. Quelques vaches de race abondance ruminent dans un environnement de toute beauté avec vue imprenable sur l'Albaron et ses glaciers.
Le fond du vallon, patrimoine écologique et paysager, est presque entièrement occupé par des prairies de fauche. Le stock de foin, récolté dans le courant du mois d'août, permet aux éleveurs fabriquant du fromage de Beaufort en hiver de respecter l'appellation A.O.C. relative à la provenance locale du fourrage (les particularités de la flore d'altitude lui conférant un goût spécifique). Çà et là quelques chalets typiques.
Le GR5 est abandonné pour sa variante qui plonge dans la vallée avec le ruisseau de la Lenta affluant de l'Arc. Bonneval apparaît au détour d'un lacet. La flèche en pierre de l'église domine la vague des toits de lauzes du vieux village.
C'est par le chemin des Chèvres que nous rejoignons l'Auberge d'Oul et son agréable terrasse.

Cartographie :IGN 1 :25000 Tignes. Val d'Isère- Haute Maurienne 3633

Auberge d'Oul à Bonneval sur Arc : 00 33 4 79 05 87 99.

Refuge des Évettes : 00 33 4 79 05 96 64.
Refuge du Carro : 00 33 4 75 05 95 79.
Rifugio Città di Chivasso : 00 39 1 24 95 31 50.
Refuge de Prariond : 00 33 4 79 06 06 02.Texte: Raymond Klein.
Photos: Raymond, Joseph et André.
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