
Vanoise 2006
Orgère-Pèclet Polset-Saut-Barmettes-Valette-Fond d'Aussois
Vanoise 2006
En 2005, nous avons randonné à l'Est du Parc National de la Vanoise. Cette année, c'est à l'Ouest que nous avons trimballé nos sacs.Partant du refuge de la Porte de l'Orgère, nous avons, dans un premier temps, rejoint Pralognan en passant par la réserve Naturelle du Plan de Tuéda, sur la rive gauche du doron de Chavière. Le sentier rive droite, au pied des falaises des glaciers de la Vanoise, varie entre 2000 et 3000 mètres.
Six jours de marche à se délecter de grands espaces dans une nature préservée au paysage riche et varié. Dénivelés cumulés de 11.665 mètres par des sentiers peu fréquentés.
Le 27/08/06 : Refuge Porte de l'Orgère - refuge de Péclet Polset. Dénivelé: positif 860 m négatif : 325 m.
Après une bonne nuit (sauf pour Jean) et un bon petit-déjeuner, c'est par la variante du GR 5 parmi les pins cembro que nous nous mettons en route à 8h30. Une fine pluie nous accompagne.Aux ruines de l'Estiva, le soleil, timidement, nous sourit par intermittence. Belle vue sur Modane et le col de Masse, qui dans six jours sera le terme de notre randonnée. Vers le nord, les nuages nous cachent les sommets. Nous rejoignons la jonction avec le GR 55 à travers une belle pelouse alpine où paît un troupeau de moutons.
Au lac de la Partie, la neige se met à tomber. La montée du col de Chavière (2796 m) est rendue difficile par une couche de neige de quelques centimètres. Le sentier et les cairns sont malaisés à repérer. À quelques mètres du sommet, dans les nuages et à l'abri d'un vent froid, nous pique-niquons sur le pouce. A peine avons-nous terminé que le soleil nous réchauffe.La descente des premiers mètres du col, face nord, est délicate, rendue glissante par la neige fondante. Vers 2600 m, le sol est sec et c'est sous un ciel nuageux que nous musardons pour atteindre le refuge à 14h30. Accueillis par une équipe sympathique nous prenons possession de notre chambrée.
Du coté du lac Blanc, sur un petit replat rocheux, une harde de bouquetins mâles ruminent paisiblement. Nous avons tout le temps d'admirer ces animaux placides (emblème du Parc National de la Vanoise) qui dégagent un sentiment de quiétude.
Le 28/08/06 : Refuge de Péclet Polset - ref du Saut. Dénivelé: positif 320 m négatif 706 m.
Nous partons à 8h30 et abandonnons le GR 55 sous un ciel nuageux. Figées par une petite gelée blanche, les herbes rases sont autant de petits cierges qui bruissent sous nos pas.Passage au lac Blanc d'un vert laiteux où se reflète le col du Soufre et la pointe des Fonds. Le dénivelé de 320 mètres pour atteindre le col du Soufre (2819 m) se fait par un beau sentier. Belle vue sur le Dôme de Polset et vers l'arrière, la face nord de la Pointe de l’Échelle parsemée de plaques de neige. Peu avant le passage du col, un vent froid du nord nous oblige à sortir les vêtements chauds du sac.
La descente d'abord facile se termine parmi les éboulis à l'approche de l'imposant glacier de Gébroulaz. Nous foulons ce champ de glace éternelle sans nous aventurer bien loin car les crevasses sont bien présentes. La vue sur la majestueuse Aiguille de Polset (3500 m) est splendide. Nous retrouvons Jean et le sentier en descendant le long du doron des Allues. Quelques bouquetins se prélassent au pied de l'Aiguille du Borgne. Au passage du doron, nous les imitons pour la pose de midi. Jean décide de descendre au refuge pour une petite sieste.
Quant à nous, nous retraversons la passerelle sur le doron pour effectuer un aller-retour au lac du Mont Coua (2660 m) dans lequel la Roche Pellier se dédouble comme dans un miroir. Instant de quiétude et de paix en compagnie de deux bouquetins. Dans la descente, nous admirons le mimétisme du lagopède femelle avec sa parure d'été. Nous rejoignons le refuge du Saut (2120 m) peu avant la pluie. L'accueil est sympa, le feu ronronne dans le poêle. Le cadre est rustique et nous apprécions la bière brune accompagnée de beaufort. Jean qui, après sa sieste, est allé repérer le chemin pour le lendemain, rentre sous la pluie.
Pendant le repas du soir, le gardien nous narre
l'historique de la réserve naturelle du Plan de Tuéda ainsi que la formation
des cratères de dissolution due à l'érosion du gypse. On peut en voir un beau spécimen à quelques mètres du
refuge, au pied de la
Grosse Tête. À 21h15, extinction des feux pour cause d'économie
de batteries. Nous plongeons sous les couvertures, bercé par la pluie et le
vent.
Le 29/08/06 : Refuge du Saut - refuge des Barmettes. Dénivelé: + 1266 m et - 1370 m.
Les nuages bas montent de la vallée. Notre hôte nous garantit un temps sec pour la journée, prévision mi-figue mi-raisin. À 8h10 avec quelques chamois dans le pierrier en face du refuge, nous entamons la montée vers le col Rouge par un beau sentier. Le ruisseau de chanrouge traversé à sec la veille par Jean est aujourd'hui un petit torrent tumultueux.
Sur fond de ciel bleu, les aiguilles des Corneillets et de Chanrossa sont à la fois baignées de lumière et noyées dans les nuages qui, vaincus dans un combat inégal avec le vent, glissent vers le versant opposé. Nous traversons le ruisseau pour la deuxième fois pour nous diriger vers le col de Chanrouge (2531 m). Belle descente à travers l'alpage, le long du ruisseau des Avals, entre l'Aiguille du Fruit et la face ouest du Roc de la Pêche.
Petite halte au lac du Pêtre (2282 m) bordé de blocs de roche sculptée par les vaguelettes qui sans cesse recommencées rident la surface de l'eau où les truites moucheronnent. Peu après, le sentier qui devient chemin surplombe le ruisseau. Passé les chalets de la Grande Val, c'est par le sinueux chemin d'alpage que nous atteignons le col des Saulces (2456 m). Vue panoramique sur la Grande Casse et les glaciers de la Vanoise, avec dans la vallée, Pralognan. Les yeux rassasiés de ce magnifique paysage, nous attaquons le dénivelé négatif de 1046 mètres sous une petite averse de neige, heureusement de courte durée. Entre le Petit Mont Blanc et l'aiguille de Mey, le ravin de Letchu est parsemé de cratères de dissolution.
La pente est raide et sans répit. Les genoux gémissent et crient au scandale. Après 2h30 de descente nous atteignons la route. Par un petit chemin entre les prairies, en passant par la Chollière, nous arrivons à Pralognan accompagnés d'une fine pluie. Nous quittons la rive gauche du Doron de Chavière qui avec le Torrent du Dard donne naissance au Doron de Pralognan.
En trois minutes, le téléphérique diminue le dénivelé positif de 600 m et nous dépose au Mont Bochor. Montée (d'une longueur de 1400 mètres) sans effort. C'est par un sentier en balcon et sous une pluie battante que nous sommes accueillis au refuge des Barmettes (2010 m) à 17h30. Situé sur le GR 55 que nous croisons, le refuge s'embellit d'année en année. Le gardiennage en famille est toujours aussi sympathique qu'en 2004 lors de notre précédent passage.
Le 30/08/06 : Refuge des Barmettes - refuge de la Vallette. Dénivelé : + 1095 m et - 550 m.Tout en déjeunant nous contemplons avec appréhension les nuages et un petit crachin qui glissent vers le col de la Vanoise.La montagne est blanche à la limite du lac des Vaches (2318 m). Nous quittons le refuge à 8h40, affublés des vêtements de pluie. Descente sinueuse par le bois de la Glière, traversée du Nant de la Crépéna et nous atteignons le Cirque de l'Arcelin (1750 m) où le soleil fait son apparition. Rangement définitif des ponchos.
Nous contournons le Moriond pour entamer la montée du col du Grand Marchet (2490 m). Par un sentier escarpé avec quelques passages sécurisés, nous nous élevons rapidement pour atteindre le Torrent du Dard.La traversée du torrent gonflé par les pluies de la nuit n'est pas sans risque. Nous suivons les cairns parmi les éboulis du cirque du Dard pour attaquer les 50 mètres de dénivelé final à plus de 45 degrés. La progression est laborieuse dans un schiste mou couvert par endroitde plaques de neige fondante.Le col est franchi à midi. Effort récompensé. Le site du Cirque du Grand Marchet, tantôt dans les nuages poussés vers le col, tantôt caressé par les rayons du soleil, est tout simplement, splendide.
Un beau sentier nous amène à la cote inférieure du cirque (2210 m) où nous déposons les sacs. Le ruisseau de l'Isertan, alimenté par les chutes du Grand Marchet de plus de 50 mètres de hauteur, ondule parmi les plantes alpestres d'un vert tendre. A peine avons-nous repris le chemin que nous observons, tout à loisir, une trentaine de chamois, au pied de la pointe ouest du Grand Marchet. La montée au roc du Tambour (2500 m) avec ces à-pic est par endroit assez impressionnante. Vue imprenable sur Pralognan, la vallée vers Bozel, le Mont Chevrier, la Pointe de Leschaux et la majesté de la montagne environnante. Sur le replat, jugeant satisfaisante la distance qui nous sépare, une harde de chamois regarde passer quatre bipèdes avec une drôle de bosse sur le dos.
Petite halte au lac de la Vallette. La cascade tombant du glacier des Sonnailles se jette dans le lac qui se vide en disparaissant sous le Pic de la Vieille Femme. Jean qui, comme à son habitude, est pressé de déposer son sac, a la chance de voir un aigle sur un piton rocheux à quelque distance du refuge. Nous franchissons la porte du refuge à 16h40 où l'accueil et le réfectoire sont aussi froids que la bise mordante qui souffle sur le plateau.
Après un repas frugal, nous remplissons les camelbakcs au
bachal car l'arrivée d'eau risque de geler. Malgré trois couvertures, la nuit
fut une des plus froides.
Lever à 6h30 pour notre étape la plus longue. Pour la toilette matinale, il faut casser la glace au bachal. L'aube qui teinte de rose l'Aiguille de Polset nous annonce une belle journée. Nous foulons le sentier à 7h30 pour descendre au chalet des Nants (2184 m) où nous rencontrons deux fermiers à la recherche de quelques veaux. Les ramifications des ruisseaux qui forment le torrent des Nants sont traversées avec prudence car les pierres sont couvertes de glace.
Sur le replat, passage au petit lac qui donne naissance au ruisseau des Ruelles. En compagnie de nombreux têtards, l'image du glacier de Gébroulaz et l'Aiguille des Corneillets se reflète dans une eau lisse d'un bleu profond. Un petit raccourci à travers l'alpage du Plans des Bôs et nous retrouvons le sentier qui par quelques beaux lacets nous hisse au cirque du Génépi (2350 m) dominé par le glacier. Rude grimpée pour atteindre la cote 2450 m. Le glacier du Génépi d'un blanc lumineux étincèle sous les rayons d'un soleil généreux. Du versant escarpé de la Pointe Ariande, nous contemplons la silhouette du Mont Blanc qui se découpe dans un ciel immaculé.
Longue descente par un sentier quasi plat, puis de plus en plus pentu, pour atteindre le ruisseau de Ritort et attaquer la montée du col d'Aussois (2916 m). Les 700 mètres de dénivelé positif commencent par un beau sentier jusqu'au ruisseau du Rosoire traversé sur deux madriers. La pente s'accentue au fur et à mesure de la montée. Raide ascension dans un chaos rocheux pour atteindre le sommet. De nouveau, vers le nord, la vue sur les neiges éternelles du Mont Blanc est superbe. Le plateau en pente douce est traversé plein sud pour retrouver le sentier à l'extrême gauche de l'immense croix.
A l'est, la Dent Parrachée, au sud-est, le massif du Mont Cenis, et au sud, face à nous, la Pointe de l’Échelle se donnent en spectacle. Dans la descente nous côtoyons quelques chèvres. Vers 17h30 nous atteignons le refuge du Fond d'Aussois où Jean est déjà déchaussé.
Une équipe jeune et sympa nous accueille avec le sourire. Au souper nous assistons à l'hélitreuillage, dans la Pointe de l'Echelle, de deux alpinistes surprises par le froid et la nuit tombante.
Le 01/09/06 : Refuge du Fond d'Aussois - ref Porte de l'Orgère. Dénivelé: + 730 m - 1100 m.Nous quittons le refuge à 8h30 pour notre dernière étape.
Le long du ruisseau de St Benoît, le sentier nous amène au pont de la Sétéria où nous retrouvons
le GR 5.La montée parmi l'alpage jusqu'au Plateau du Mauvais
Berger est sans difficulté. De nouveau, le GR 5 qui part à gauche est
abandonné.Le ciel sans nuages et le soleil nous invitent à passer par le col de la Masse ( 2923 m).
Le sentier, de plus en plus abrupte sous nos pieds,
serpente parmi les rochers. Les derniers obstacles franchis à mi-chemin entre
l'escalade et la rando, c'est par un long replat que nous retrouvons Joseph au
sommet.
Dans ce décor minéral, vers le sud ouest, les Ecrins se découpent sur fond de ciel limpide.Malgré la rudesse de l'endroit, le paysage est unique et nous profitons du panorama accompagnés de bouquetins femelles. Le Râteau d'Aussois (3131 m) est à portée de main. En suivant les cairns parmi les éboulis, le sommet est atteint en 50 minutes par une rude montée. Le plaisir des yeux nous fait oublier la fatigue des mollets. Cadeau de la nature que ce panoramique à 360 degrés.Sur le plateau parsemé d'énormes cairns, l'air est pur, vierge de toute pollution sonore, surprenant, indéfinissable.
Nous rejoignons Jean, resté au col pour une petite sieste
(hé oui, encore lui), pour entamer la longue descente vers le refuge.Le
sentier pentu, parallèle au ruisseau de la Masse, est tracé dans le pierrier. Deux
bouquetins nous tiennent compagnie jusqu'à la limite du Parc.
Le dénivelé de 1000 m se termine parmi les rhododendrons et la
senteur des arolles. Avant la traversée du ruisseau de Povaret, les marmottes
nous saluent. Nous rejoignons le refuge a 17h30 où nous attend
une « bien fraîche » (comme on dit chez nous).Notre randonnée
se termine par une fondue déglacée au génépi, un vrai régal. Nos papilles en
gardent le souvenir.
A contempler la nature dans son intimité, la jouissance des yeux fait oublier la douleur des mollets.
cartographie : 3534 OT-TOP 25 Les Trois Vallées (Modane).
Ps Encore un superbe parcours réalisé par Raymond et une organisation digne d'un pro: itinéraire, réservation et même le météo pour le fin du parcours!!!